DISSERTAZIONI DI DOTTORATO
2010-2011
LESTANG François
Les figures individuelles de croyants dans la mission paulinienne.
Analyse narrative du voyage en Macédoine et en Achaïe (Ac 16,6-18,18)
Une des caractéristiques du voyage missionnaire de Paul et de ses compagnons en Macédoine et en Achaïe (Ac 16-18) est que chaque étape est marquée par la mention d’une ou deux figures locales de croyants, et par une comparution formelle devant les autorités civiques. Alors que cette dimension juridique a déjà été explorée, aucune étude n’a jusqu’à présent traité de l’apparition des figures individuelles de croyants (l’homme macédonien, Lydie, le geôlier de Philippes, Jason de Thessalonique, Denys l’Aréopagite et Damaris, Crispus le patron de synagogue) et de leur importance narrative pour l’ensemble de la deuxième partie des Actes. Chaque péricope de ce voyage, de Troas à Corinthe, en passant par Philippes, Thessalonique, Bérée et Athènes, est étudiée avec les outils de l’analyse narrative. Chemin faisant, on interprète les visions introductives et conclusives que reçoit Paul, l’apparition des « sections en nous », mais aussi la valeur du titre archisynagogos; on propose de comprendre la mention tardive du métier de Paul à la lumière de l’évergétisme gréco-romain.
Au terme du parcours de lecture, il apparaît qu’un trait commun aux figures individuelles de croyants présentées spécifiquement dans ce voyage est l’hospitalité exercée au bénéfice des missionnaires, ainsi que la mise en commun des biens. Cette présentation de figures locales et accueillantes, venant après l’assemblée de Jérusalem et la fin du ministère des Douze, forme comme un nouveau réseau de témoins, qui ne suivent pas Paul sur les routes, mais peuvent attester la foi en Jésus Seigneur et accueillir les croyants. Leur statut social élevé peut se mettre au service de leur témoignage.
La figure de Paul s’enrichit de nouveaux traits, dont sa citoyenneté romaine et son artisanat ; des différences notables sont signalées avec l’approche d’Odile Flichy. Enfin, c’est dans une dialectique du « un » et du « plusieurs » que se joue l’évangélisation de la Macédoine et de l’Achaïe. Il faut qu’un individu « passe » pour que beaucoup croient, mais un individu seul ne suffit pas. Pour fonder une communauté locale de « frères », il faut être soi-même d’une communauté. C’est ainsi que maisons et routes se complètent, et que les communautés itinérantes sont fondatrices de communautés résidentes. C’est aussi une des leçons du voyage d’Athènes .